L’augmentation des données de santé et l’accroissement des capacités pour les traiter ouvrent de nouvelles perspectives pour démontrer la valeur médico-économique et organisationnelle des produits et service de santé. Cependant selon une étude de McKinsey[1], le secteur de la santé accuse un certain retard au regard d’autres secteurs en termes d’utilisation des données.
Les travaux du Conseil stratégique des industriels de santé (CSIS), qui visent à positionner la France « comme un leader mondial du secteur de la santé numérique », ont également relevé qu’ « elle doit rattraper son retard », qui s’explique par de nombreux facteurs dont « la complexité de systèmes créés en silo »[2].
Le rapport de l’Open Data Institute[3] place lui aussi la France dans une position mitigée du fait de la fragmentation des systèmes de santé, et souligne également l’impact limité des initiatives actuelles. Ces contraintes constituent des freins majeurs pour les acteurs de la filière française qui peinent à trouver des modèles opérationnels et économiques pérennes.
Alors que la France est engagée dans une compétition internationale, l’accès aux données pour la réalisation d’études de recherche industrielle reste une difficulté comme le montre le dernier baromètre[4] de l’AFCRO (Association Française des Entreprises de la Recherche Clinique et Épidémiologique) qui mesure l’attractivité́ du pays.
Que ce soit à des fins de publication scientifique ou de démonstration médico-économique, la sous-exploitation des données de santé en France est devenue critique. Parmi les solutions à apporter, de nombreux acteurs, y compris publics, témoignent de la nécessité de définir un cadre de confiance et d’engager une démarche collective inscrite dans le temps.
Un cadre d’autant plus nécessaire que l’utilisation massive des données de santé traitées par le recours aux techniques d’intelligence artificielle peut susciter des craintes légitimes au sein de la société.
Comment renforcer la confiance dans l’exploitation des données de santé ?
Nous avons la conviction que la multiplication des projets d’exploitation de données de santé doit s’accompagner sur le plan opérationnel de garanties nouvelles pour établir des relations de confiance.
- Une démarche collective de long terme
Historiquement, de nombreuses collaborations d’exploitation de données de santé entre les acteurs du système de santé étaient de nature transitoire, basées sur des engagements de court terme, et donc pas toujours en soutien de modèle de relations durables et mutuellement bénéfiques.
Nous sommes convaincus que les initiatives de court terme représentent un obstacle majeur à la génération de valeur unique que représentent les données de santé en vie réelle. En effet, une période de 3 à 5 ans ou plus est souvent nécessaire pour que ces nouvelles données de santé en vie réelle atteignent des volumes et des niveaux de maturité requis pour la génération d’évidence de haute qualité.
- Un tiers de confiance pour encadrer l’accès aux données des acteurs publics et privés
Les projets et les collaborations gagneront à être construits dans un écosystème autour d’un tiers de confiance reconnu par l’ensemble des acteurs mais aussi par la société civile, les citoyens, les pouvoirs publics. Ce tiers de confiance doit être un acteur central de la collaboration et pas une simple « caution », disposant des compétences et des pouvoirs suffisants pour être garant du respect des principes de transparence et d’éthique de l’accès aux données de santé.
AgorIA Santé, un collectif pour optimiser l’accès et le traitement des données de santé
Nous avons souhaité rejoindre le consortium AGORiA SANTE qui propose à ses partenaires un cadre pour la réalisation de projets d’étude sur les données de santé. Ce consortium se structure autour de principes fondamentaux :
- Une exigence d’utilité́ au service de la filière française
- Une ambition scientifique élevée via un comité scientifique d’experts reconnus
- Une éthique exigeante et partagée, un comité éthique est chargé de faire des propositions pour garantir le respect de la vie privée
- Une plateforme technique sécurisée, développée et hébergée en France, et répondant aux exigences règlementaires en vigueur
En tant que chef de file du consortium, Docaposte, filiale du Groupe La Poste, est le garant du respect des principes constitutifs du consortium. Il est maître d’œuvre de la plateforme technique, et représente les membres du consortium vis-à-vis des tiers : pouvoir publics, producteurs de données.
Pourquoi AstraZeneca s’engage ?
Nos premiers objectifs sont de permettre aux patients un accès plus rapide aux innovations thérapeutiques, optimiser leur parcours de soins et améliorer leur prise en charge.
C’est pourquoi AstraZeneca, avec les membres de ce consortium souhaite impulser une dynamique de mise en place de partenariats de confiance. Nous sommes convaincus que l’utilisation et la réutilisation des données de santé vont permettre la génération de nouvelles connaissances et permettre de progresser dans la recherche biomédicale et la pratique clinique et ainsi améliorer notre système de santé. Au sein d’Agoria Santé nous nous engageons dans les démarches suivantes :
- Nous mettons en place un portail de transparence afin de démontrer l’utilisation responsable des données sur la santé dans le respect de la confidentialité́ des données et des normes éthiques ;
- Nous croyons en la réalisation de collaborations multipartites, grâce à l’appariement de bases de données. Ces approches sont pour nous des moyens efficaces, réplicables et responsables de faciliter l’accès aux nouvelles données de santé en vie réelle ;
- Nous participons aux réflexions sur la mise en place de nouveaux modèles et processus de valorisation équitable des données de santé. Nous avons la conviction que les industriels jouent un rôle dans la structuration de la démarche de collecte, de standardisation et d’exploitation des données de santé ;
- Nous soutenons les bonnes pratiques internationales pour la génération de données de santé en vie réelle de haute qualité, y compris les directives ISPOR-ISPE, par exemple, « Good Practices for Real-World Data Studies of Treatment and/or Comparative Effectiveness »[5], « Reporting to Improve Reproducibility and Facilitate Validity Assessment for Healthcare Database Studies »[6]et « Use of Electronic Health Record Data in Clinical Investigations »[7].
Nous avons une occasion rare de collaborer pour libérer le plein potentiel de la donnée de santé, au service du patient. Nous devons imaginer les nouveaux modèles de collaboration et de valorisation de la donnée de santé pour répondre aux enjeux de la médecine de demain.
Nous invitions les lecteurs du Healthcare Data Institute à se rapprocher du consortium Agoria Santé pour poursuivre les échanges.
[1] https://www.mckinsey.com/featured-insights/artificial-intelligence/global-ai-survey-ai-proves-its-worth-but-few-scale-impact
[2] https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2021/06/sante_innov30_a4_07_vdefdp.pdf
[3] http://theodi.org/wp-content/uploads/2021/09/Secondary-use-of-Health-Data-In-Europe-ODI-Roche-Report-2021-5.pdf
[4] https://www.afcros.com/images/Communiques_Presse/20190131_CPbarometreAFCROs.pdf
[5] https://www.futuremedicine.com/doi/10.2217/cer-2019-0183#B11
[6] https://www.futuremedicine.com/doi/10.2217/cer-2019-0183#B12
[7] https://www.futuremedicine.com/doi/10.2217/cer-2019-0183#B13