We are pleased to share an interview with Terhilda Garrido recently published in DSIH, the French leading professional magazine entirely devoted to Health IT.
Terhilda Garrido — VP HIT Transformation & Analytics at Kaiser Permanente — was our keynote speaker during HDI Day, the first Healthcare Data Institute annual conference in November 2015.
« L’accès du patient à son dossier est bénéfique » Entretien avec Terhilda Garrido, Kaiser Permanente
Kaiser Permanente, la plus importante organisation de soins intégrés aux États-Unis, a lourdement investi dans ses systèmes d’information et commence à en voir les bénéfices.
Terhilda Garrido, vice-présidente HIT (Health IT) Transformation and Analytics du groupe américain, était invitée à participer à la conférence annuelle du Healthcare Data Institute à Paris, en novembre dernier. C’est à cette occasion qu’elle a accordé un entretien à DSIH Magazine.
Kaiser Permanente, l’un des plus célèbres systèmes de soins au monde, est connu pour son modèle de gestion des patients en fonction de leur profil de risque segmenté au sein de la fameuse pyramide de Kaiser. C’est aussi un exemple d’investissement massif en matière de système d’information. L’organisation a dépensé plus de 4 milliards de dollars afin de déployer un système d’information patient complet dans plus de 600 sites cliniques, entre 2004 et 2008. KP prend aujourd’hui en charge plus de 10 millions de personnes dans huit États américains et le district de Columbia, mais son implantation reste avant tout californienne.
DSIH : Où en est l’informatisation de votre système de soins ?
Terhilda Garrido : Elle a pris plus de temps que prévu, mais elle maintenant achevée à 100 %. Nos 18 000 médecins et nos 45 000 infirmières utilisent tous, sans exception, le système d’information. Les prescriptions ne peuvent de toute façon pas être réalisées autrement ! Nous avons bien sûr connu des résistances. C’est humain. Mais nous observons que personne ne reviendrait au papier.
DSIH : Qu’est ce qui a convaincu les utilisateurs ?
TG : L’engagement de nos leaders a beaucoup compté. Mais les professionnels ont aussi vu l’intérêt de disposer rapidement d’une information complète dans un dossier unique. Sans oublier la possibilité de partager l’information en équipe. Le système offre la continuité de l’information, ce qui est essentiel pour la continuité de la prise en charge, que le patient soit reçu en consultation externe ou hospitalisé. Les modules et les vues du dossier sont différents selon le type de consultation et de discipline médicale, mais ce caractère unique pèse dans la satisfaction des utilisateurs. Les professionnels ont également gagné en flexibilité et en qualité de vie. Certains ont ainsi choisi de travailler à distance, depuis chez eux, par téléphone et par messagerie sécurisée.
DSIH : Avez-vous constaté des points d’achoppement ?
TG : Plutôt des ajustements. Nous avons consacré beaucoup de temps et d’argent à construire des protocoles très élaborés, mais notre système d’aide à la décision s’est révélé beaucoup trop académique. Nous avons dû nous adapter aux demandes des médecins sur ce plan. De leur côté, ils se sont également adaptés à de nouveaux modes de travail : ils ont par exemple dû apprendre à sécuriser leurs messages électroniques. Nous savons que le système n’est pas optimisé. Il y a encore du chemin à parcourir pour le rendre plus facile d’utilisation. Mais nous allons continuer à innover.
DSIH : Le dossier est maintenant accessible au patient lui-même ?
TG : Nous avons effectivement ouvert un portail pour l’accès au Personal Health Record (PHR), My Health Manager. 5,5 millions des patients ont déjà signé un accord pour l’utiliser. Ils y trouvent leurs résultats de biologie, la possibilité d’écrire à leurs médecins par messagerie sécurisée, de renouveler les ordonnances, de prendre rendez-vous en ligne (1)… Des services accessibles aussi bien par smartphone que sur ordinateur. Nous observons aussi que de plus en plus de médecins apprécient que leurs patients aient accès à l’information qui les concerne. C’est bénéfique pour les deux parties.
DSIH : L’investissement dans le système d’information a-t-il eu des effets sur la performance de l’organisation ?
TG : Il y a contribué. En 2004, nos performances étaient déjà reconnues, mais nous nous plaçons aujourd’hui parmi les meilleurs aux États-Unis en qualité des soins et en satisfaction des patients, avec des coûts maîtrisés. Attention : ce n’est pas le seul fait de déployer le système d’information qui a joué, mais de le mettre en place en menant les changements nécessaires dans l’organisation.
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Propos recueillis par Dominique Lehalle.
Reproduction avec l’aimable autorisation de la direction de DSIH.
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(1) En 2014, selon le rapport annuel le portail comptait 4,1 millions de rendez vous, 1,3 million de téléchargements de l’application mobile, 20 millions de messages sécurisés, 17,5 millions de renouvellements d’ordonnance et 37,4 millions de résultats biologiques consultés en ligne.